Tous appelés à la sainteté ?
Pourquoi fêter saintes et saints ? Leur exemple peut-il nous aider ? Ne sommes-nous pas bien petits, bien faibles, en comparaison de leurs mérites ? Serions-nous capables d'aller, comme certains d'entre eux, jusqu'au martyre ?
Voilà quelques unes des questions que l'on peut se poser, à la lecture de la vie, et du témoignage de ceux qui ont tout donné pour l'amour de Dieu.
Nous aurions tort, je crois, de voir dans les figures des saints des images de la perfection. Ce sont, au départ, des hommes et des femmes de chair et de sang, avec leurs défauts, leurs faiblesses, leurs manques... Comme nous...
Pensons à Pierre, qui vacille par manque de foi lorsque Jésus lui demande de marcher sur les eaux, ou qui, à l'heure de la passion du Christ, le renie par trois fois...
El Greco: Les larmes de saint Pierre
Pensons à Paul, qui se montre, en bon juif orthodoxe, un violent persécuteur de cette "secte" naissante, qui lui semble menacer les fondements de sa religion.
"Moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé Apôtre, puisque j'ai persécuté l'Eglise de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m'a comblé n'a pas été stérile: je me suis donné de la peine, plus que tous les autres; à vrai dire, ce n'est pas moi, c'est la gâce de Dieu en moi." ( Epître de saint Paul aux Corinthiens 15, 9-10)
saint Paul: mosaïque
Pensons à Marthe, qui récrimine contre sa soeur Marie, et veut prendre Jésus à témoin dans leur différend domestique...
Pensons à Marie-Madeleine, courtisane...
Georges de la Tour: Marie-Madeleine
Pensons à Thomas, qui refuse de croire s'il n'a pas touché...
Pensons à François d'Assise, qui commence sa vie de jeune homme dans la richesse et les plaisirs, bien loin de l'idéal de pauvreté qui deviendra le sien par la suite...
Giotto: saint François d'Assise
Qu'est-ce qui fait que ces hommes et ces femmes ordinaires ont cheminé, tout au long de leur vie, vers la sainteté? Leurs mérites ? Leurs qualités exceptionnelles ? Non.
C'est la GRÂCE. La grâce que le Seigneur leur a accordée. La grâce qu'il accorde à chacune de ses créatures... La grâce qu'il accorde à chacun et chacune d'entre nous... Le seul mérite des saints, c'est d'avoir dit OUI à cette grâce, à la suite du OUI de Marie. D'avoir consenti, jour après jour, à la recevoir, d'en avoir accepté, jour après jour, sans se poser la question de "et demain ?" les conséquences... En se disant que Dieu leur donnerait, jour après jour, heure après heure, la grâce et la force pour affronter les épreuves.
Les béatitudes nous le disent: bienheureux les pauvres d'esprit, les doux, les persécutés... Bienheureux les faibles... N'ayons pas honte de notre faiblesse... En l'acceptant, en acceptant que notre force nous vienne de Dieu seul, nous creusons en notre être un espace où le Christ vient demeurer, et nous éclairer, nous guider, nous soutenir... Cet espace, c'est la prière, la prière sans cesse renouvelée, qui nous aide à le creuser, à l'élargir, à l'approfondir:
"Demandez, et l'on vous donnera, cherchez, et vous trouverez, frappez, et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvrira à celui qui frappe." (Matthieu 7, 7-8)
Pour finir, ayons en mémoire la "petite Thérèse", sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, qui nous montre la voie des petits et des faibles vers le Seigneur:
"[...] Seigneur, ma faiblesse vous est connue; chaque matin, je prends la résolution de pratiquer l'humilité, et le soir, je reconnais que j'ai commis encore bien des fautes d'orgueil; à cette vue, je suis tentée de me décourager, mais, je le sais, le découragement est aussi de l'orgueil, je veux donc, ô mon Dieu, fonder sur Vous seul mon espérance; puisque vous pouvez tout, daignez faire naître en mon âme la vertu que je désire. Pour obtenir cette grâce de votre infinie miséricorde, je vous répéterai bien souvent: " Ô Jésus, doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vôtre !" (sainte Thérèse de l'Enfant Jésus: Prière pour obtenir l'humilité, 16 juillet 1897)
"[...] Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants.[...] Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger." ( Matthieu 11, 25-30)
Pour ma part, je remercie Dieu de me faire la grâce de reconnaître ma faiblesse au travers de la maladie.
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