Révolte, compassion
Père, nous te confions ceux qui sont submergés par la détresse
et qui n'ont même plus la force de crier vers toi.
Sois leur refuge.
(Panorama Prière des jours, Hors-série Carême 20011)
Face au Mal, notre mouvement, au plus profond de nous-même, c'est l'incompréhension, l'effroi et la révolte. Nous ne comprenons pas le Mal, nous ne pouvons l'accepter, nous refusons de l'envisager, de regarder ces images de désolation, ou bien alors, nous les contemplons, fascinés, immobiles devant nos écrans comme la proie devant son prédateur. Face au Mal, notre question, LA QUESTION depuis Job, c'est "POURQUOI ?" Pourquoi, mon Dieu, laisses-tu faire cela ? Mystère incompréhensible, mystère insondable, mystère torturant...
Et l'on cherche alors à faire la distinction : le Mal aurait deux visages, il y aurait d'un côté le mal provoqué par les hommes, le mal qui sommeille et agit en chacun de nous, à plus ou moins grande échelle, et de l'autre, le mal provoqué par les éléments naturels. La tragédie japonaise serait ainsi la conjonction de ces deux maux : tremblement de terre et tsunami auxquels s'ajoute la catastrophe nucléaire provoquée par l'incurie des hommes.
Mais est-ce si sûr qu'il nous faille ainsi opérer une distinction ? Et si le Mal était UN, comme l'Amour est UN ? Nombre d'entre nous admettent, en s'en réjouissant, le mystère de la communion des Saints. Il nous faudrait peut-être admettre, en nous en désolant, le mystère de la communion du Mal. En nous en désolant, certes, mais en tentant aussi d'en tirer les conséquences.
Si j'ai part liée au Mal, y compris à celui d'origine "naturelle", selon des modalités incompréhensibles à vue humaine, mais bien réelles, agissantes, alors la position du refus et de la révolte, ou la position de la fascination impuissante peuvent être dépassées.
La révolte peut être dépassée, faisant place à la compassion, à la prière, à la solidarité. Faire reculer le Mal, sous toutes ses formes, ne serait-ce que d'un pouce, que d'un pas, que d'un mètre.
Avancer, avancer, un peu chaque jour.
C'est ce qui nous est proposé en ce Carême
qui s'ouvre de façon si dramatique.
Ne pas faire de notre prière un refuge, mais une force.
Avancer
vers la lumière de Pâques,
vers la maison du Père,
vers la Vie éternelle.
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