Retour sur Marthe et Marie,
comme nous y invite l'évangile du jour:
Luc 10, 38-42:
Alors qu'il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur nommée Marie qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Marthe était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma soeur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m'aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. »
Voici l'homélie offerte par le site de la Famille de saint Joseph:
Nous proposons une lecture symbolique de ce récit.
Marthe peut représenter l’« être charnel » en nous - au sens biblique du terme : l’esprit incarné que nous sommes, dans la précarité de notre nature marquée par les conséquences du péché des origines.
Marie peut représenter l’homme intérieur, l’esprit, le cœur profond, la « fine pointe de l’âme » (Ste Thérèse d’Avila) où nous sommes ouverts à la Transcendance divine ; ou encore : notre conscience, le lieu le plus intime de nous-mêmes où l’Esprit nous parle.
Marthe « s’inquiète » : elle perd la quiétude de l’âme ; ses facultés psychiques s’émeuvent, emportées par les passions sensibles – probablement l’indignation, la jalousie, avec une pointe de colère devant l’injustice subie.
L’inquiétude de l’âme entraîne « l’agitation » du corps : ses gestes ont perdu la fluidité et l’harmonie qu’ils acquièrent spontanément lorsque l’action est posée dans un domaine où on excelle.
« Nécessaire » - ce qui ne peut pas ne pas exister - s’oppose à « contingent » - ce qui pourrait ne pas exister. Dans notre cas : l’action transitoire de Marthe s’achèvera avec le repas, et devra être réitérée quelques heures plus tard. Pour la simple raison qu’elle se déploie dans l’espace et le temps qui caractérisent l’univers matériel auquel nous participons par notre corps.
La contemplation de Marie qui, « se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole », est spirituelle, et en tant que telle, n’est pas conditionnée par les conditions spatio-temporelle, puisqu’elle transcende le monde matériel. L’esprit peut demeurer uni de manière permanente à Dieu au cœur même des activités transitoires dans lesquelles sont engagées l’âme et le corps. Telle devrait être la condition « normale » du chrétien : renouvelé dans l’Esprit Saint qui est devenu l’Hôte de son cœur, il devrait rester en communion avec Lui en toutes circonstances, afin que ses œuvres procèdent de la synergie entre la nature créée et la grâce divine, conformément au dessein de Dieu sur l’être humain.
Ce monde passe, mais la Parole de Dieu ne passe pas ; notre corps matériel nous sera retiré en attendant de ressusciter dans la gloire, mais l’union à Dieu dans l’Esprit ne nous sera jamais enlevée – si du moins nous nous maintenons dans l’amitié avec Dieu, ou selon l’expression théologique : si nous restons « en état de grâce ». Telle est la seule chose nécessaire, dont dépend notre destinée éternelle.
« Si je suis en état de grâce, que le Seigneur m’y garde ; si je n’y suis pas, qu’il m’y mette ! » (Sainte Jeanne d’Arc) .
Père Joseph-Marie
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Ce texte est beaucoup plus profond que celui que je vous proposais le 19 juillet dernier...
Je ne saurais trop vous conseiller de vous abonner à ce site qui nous offre une homélie pour chaque jour...
Prions, comme Jeanne d'Arc, pour que le Seigneur nous mette en état de grâce, quelques soient les circonstances, aisées ou douloureuses, que nous rencontrons dans le monde matériel.